JOBIC KERLAN

   Pierre MAMET   

  Louis AUGROS

LA VILLE DE SOUK AHRAS

        VOUS  EST RECONNAISANTE

   par Kamel MELLOUK



                                                    

Dans les moments de conflits et de crises, on va frapper chez les hommes qu’on croit disponibles. Ils ne sont pas si nombreux à ouvrir leurs portes et leurs cœurs . Pendant la guerre d’Algérie et en cette période très difficile et pénible pour le peuple algérien, les hommes de l’Église d’Algérie sont parmi les rares amis qui ont été près de ce peuple en quête de son indépendance .

Pendant toute cette période, l’Église d’Algérie qui a pris une certaine liberté vis à vis du Vatican, a systématiquement évité ce qui pourrait ressembler à l’alliance du sabre et du goupillion, car elle compris que toute collusion entre elle et l’armée française à cette époque de l’histoire de l’Algérie ne pouvait que représenter une double tromperies . Tromperie envers les Algériens sur la mission de l’Église et sur ce dont elle a à témoigner, mais aussi tromperie envers les chrétiens sur ce qu’ils sont ou ils doivent être en vérité. C’est bien de cette confusion entre une nation et l’Église que les hommes de cette dernière ont compris qu’il fallait aider le peuple algérien dans sa lutte sous peine de trahir l’Évangile.

 بسم الله الرحمان الرحيم 

           

 Nombreux sont les chrétiens qui ont joué un rôle déterminant pendant la guerre d’Algérie, par leurs prises de position et surtout par leur témoignages. Ils étaient honnis par beaucoup, regardés comme des traîtres par leur propres compatriotes. Comment des français comme Duval, Scotto, Massignon, Maillot, Audin , Mandouze, Mamet, Kerlan, Bonnamour, Davezies, Augros et Mifsud… Ont-ils pu accepter la légitimité de la revendication algérienne d’indépendance, la cautionner et la soutenir contre la politique et l’engagement armé de leur propre pays, la France ? C ‘est en nom d’un sens aigu de la justice et par la prise en considération sérieuse de la dignité humaine. Dans les milieux chrétiens, cette évolution est un long travail. Son point de départ n’est pas une option politique, mais l’ouverture aux exigences sociales.

Cette prise de position d’ensemble et publique de l’Église d’Algérie à beaucoup démoralisé les troupes françaises, ce qui a poussé les responsables politiques et militaire de la France à jouer la confusion. Ensuite, ils ont essayé de justifier leurs actes d’hostilités contre le peuple algérien par des préceptes religieux en assimilant la guerre d’Algérie à une croisade du 20 éme siècle et sont allé jusqu’à lui trouver des cautions ecclésiastiques, notamment das fameuse thèse Père Delarue, aumônier des Paras, que le Général Massu s’est empresser de faire circuler dans les unités .

Parmi ces hommes de l’Eglise, on cite les Pères Kerlan, Mamet et Augros qui ont formé la fameuse équipe de Souk Ahras patrie du grand Maître Saint Augustin et qui ont hérité de lui sa conception révolutionnaire contre l’injustice. Une fois placée, cette équipe de « Moujahidine » est devenue la bête noire des autorités civiles et militaires françaises. Dans l’histoire contemporaine de la ville de Souk Ahras, les noms de Mamet, Kerlan , Augros et Mifsud restent les plus marquant avec ceux de leurs frères musulmans Badji Mokhtar, Hassan Belaboudi, Abdelaziz Kader, et Braktia Abdelrahmaen et Slimane Lasso.

De ces ecclésiastiques, réputés plutôt de style classique, on ne s’attendait pas à la clairvoyance et au courage de pensées des années dramatique du pays. Un sens exemplaire de l’Évangile et de l’Église, une lucidité et une constance sans faille. La guerre s’intensifiant, les autorités militaires de la France auraient voulu par tous les moyens que ces prêtres coupassent leurs liens avec les algériens. Au contraire, ces « Che Guevara de l’Eglise » prennent des positions très nettes contre la torture et reconnaissent le bien-fondé des aspirations du peuple algérien qui combat pour son indépendance. Bien avant le déclenchement de la Révolution de 54, l’un des père de l’équipe de Souk Ahras, le Père Jobic KERLAN , était en contact avec le Chahid Badji Mokhtar, premier Martyr du groupe des « 22 » et qui avait une amitié exceptionnelle avec lui, puisque les deux étaient des membres actifs des Scouts.

Accusés par les autorités coloniales d’avoir ravitailler le FLN en médicaments ,les Pères Louis Augros, Jobic Kerlan et Pierre Mamet ont été convoqués le 16 avril 1956, par la police coloniale pour leur notifier les décrets d'expulsion qui avaient été pris contre eux. Cette mesure d’éloignement, qui relève des pouvoirs spéciaux accordés aux préfets de l'Algérie par le gouvernement Mollet, est tombée comme une bombe sur la tête des paroissiens de l’antique Thagaste tellement ils étaient estimés par la population chrétienne et musulmane de SOUK AHRAS . En effet ces trois courageux prêtres et depuis le début de la guerre fournissaient le FLN en médicament et assistaient les familles des Moudjahine partis au maquis, en nourriture, vêtements et soins. Cette collusion, saluée par les supérieurs de la Mission de France et par l’Eglise d’Algérie et à sa tête Monseigneur Duval, a été au contraire une source de scandale pour l’Église officielle qui rappelle t-on au début de la guerre d’Algérie n’ était pas favorable à l’indépendance de l’Algérie. C’est seulement avec l’arrivée du Pape Jean XXIII et le combat courageux des chrétiens de gauche tels Duval, Scotto,Liénart et tant d’autre que l’Église changea de position et condamna la torture en soutenant clairement l’indépendance de l’Algérie . Accusés de double traîtrise, d’abord envers la France leur Patrie et ensuite envers l’Église, les prêtres répondirent avec un vrai esprit chrétien par ces paroles qui restent gravées à tout jamais dans la mémoire de Souk-Ahrassiens « Pour le chrétien en face la misère humaine, il n’ y a ni Patrie, ni ami, ni ennemi. Il n’y a que Dieu qui nous appelle au secours ».

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VOS TEMOIGNAGES

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