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En ce 1er novembre 2009, nous commémorons le 55e anniversaire du déclenchement, par nos aînés, de la guerre de Libération nationale qui mit fin au cauchemar colonial vécu depuis 1830. Nous pensons aujourd’hui à la somme colossale d’engagements et de sacrifices individuels, d’actes de foi et de courage qu’il fallut à notre peuple pour reprendre en main sa destinée confisquée.

Née dans l’esprit d’une poignée de patriotes résolus à sortir notre Nation de l’impasse coloniale, la résurrection de l’Algérie en tant que nation souveraine est devenue ce jour-là l’objectif partagé qui parvint à mobiliser et à souder victorieusement notre peuple. Le devoir de mémoire et de fidélité nous invite également à évaluer aujourd’hui le degré d’accomplissement du projet de Novembre. Il faut relire la Proclamation du 1er Novembre pour réaliser que les rêves et ambitions de ses initiateurs ne se bornaient pas à notre retour dans le concert des nations. Au-delà du recouvrement de notre souveraineté, ce texte fondateur de l’Algérie moderne fixait clairement comme objectif la construction d’un Etat national dédié à la protection des citoyens algériens.

 

Or, plus d’un demi-siècle après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, bien loin de la protection des citoyens algériens, nous avons enduré la perte de dizaines de milliers de victimes innocentes durant plus d’une décennie d’actes de violences, le départ de milliers de nos talents et compétences contraints à l’exil et une longue période de paupérisation et de régression économique, culturelle et morale. Ce n’est évidemment pas la situation à laquelle aspiraient ceux qui ont donné leur vie pour que nous soyons libres aujourd’hui, ni celle dans laquelle chacun de nous, jeunes ou vieux, femmes ou hommes, pauvres ou aisés, veut vivre. Ce n’est pas davantage une situation acceptable pour un pays qui vient d’engranger quelques centaines de milliards de dollars de recettes pétrolières et gazières au cours des dix dernières années et qui dispose d’une richesse encore plus considérable en ressources humaines sur notre territoire comme à l’étranger.

 

Nous sommes plus que jamais interpellés par les sujets de préoccupation, d’angoisse et de colère profondémentavocat-boutef partagés par les citoyens, à savoir, l’absence de gouvernance, la dégradation accélérée des conditions de vie des Algériens, l’arrogance et l’autisme du pouvoir à l’égard des revendications de la société. De même que la fermeture du champ politique en se berçant de l’illusion de contrôler l’ampleur du rejet du système par la société. En ce 1er novembre 2009, nous ne pouvons que dresser un constat similaire à celui des initiateurs de Novembre 1954 dans leur proclamation : « Aujourd’hui… nous, relégués à l’arrière, nous subissons le sort de ceux qui sont dépassés. … notre mouvement national, terrassé par des années d’immobilisme et de routine, mal orienté, privé du soutien indispensable de l’opinion publique, dépassé par les événements, se désagrège progressivement… L’heure est grave. » Aujourd’hui également, l’heure est grave, car la Nation algérienne se trouve à nouveau dans une impasse dangereuse pour son existence. Il est donc plus que jamais impératif d’opérer un changement profond en vue d’épargner au peuple algérien des souffrances inhérentes à l’inertie de ce régime perçu comme un agent prédateur et responsable de toute la misère qui touche la majorité de la population algérienne. Faute de quoi la perpétuation de la situation actuelle due à la mauvaise gouvernance ne fera qu’accélérer la marche inéluctable vers une double violence sociale et terroriste.

 

En septembre 2000, nous avons enregistré la première grande tentative de légiférer par Ordonnance dans la précipitation. J’avais alors réagi à cette dérive en démissionnant du Gouvernement parce que la haute idée que je me faisais des responsabilités que j’assumais alors me permettait d’entrevoir toutes les conséquences négatives pour l’Etat du recours inconsidéré à ce type de gouvernance. Quelque dix années après, chaque Algérien est en mesure de constater que cet instrument de gouvernance a été utilisé dans des circonstances aussi dérisoires que l’importation de la pomme de terre ou aussi graves que le changement de la Constitution. Avec le temps, la défaillance de l’Etat est devenue évidente et sa paralysie unanimement constatée. Je fais ce rappel pour affirmer ma conviction que le déclin n’est pas irrémédiable et qu’il existe des scénarii qui pourraient ramener l’espoir pour la refondation de l’Etat autour de valeurs et d’idéaux conformes aux aspirations légitimes du peuple algérien. C’est donc par la réalisation d’un projet qui rassemblerait la Nation dans son ensemble et réunirait toutes les compétences existantes que l’on pourrait opérer, en toute lucidité, le changement profond et pacifique qu’attend, depuis si longtemps, le peuple algérien. Le changement envisagé mettra évidemment un terme à la centralisation du pouvoir de décision, aujourd’hui, entre les mains d’un nombre réduit d’individus, au lieu et place des institutions pérennes qui serviraient la Nation.

 

Il éliminera le culte de l’Homme providentiel, il luttera contre la corruption, il réduira la présence d’une inertie, source d’ignorance et de régression, et stigmate ultime d’une Algérie définitivement reléguée en marge du progrès et de la démocratie. Ce qui s’impose en premier lieu est l’établissement d’un processus de réformes capables de favoriser le changement, à commencer par la refondation de l’Etat de droit et l’organisation d’élections ouvertes et libres, dans le strict respect des droits de l’Homme et d’une véritable participation des citoyens dans le choix de ceux qui seront chargés de diriger, en leur nom, les destinées de l’Algérie future. Ce scénario n’est pas si utopique qu’il paraît en ces circonstances très contraignantes. Il s’agit de trouver les nouveaux instruments permettant de favoriser les initiatives pour le changement, à savoir la libération de toutes les énergies existantes, y compris la jeunesse, les femmes et toutes les forces vives de la Nation. Qu’il soit cependant bien compris que le changement n’est nourri d’aucun a priori de vengeance contre personne. Il veut installer un nouveau système de transparence dans la gestion des affaires publiques. Le système sera mis en place graduellement avec le souci maximum de pédagogie pour permettre à tous de s’y adapter progressivement et à s’y conformer au-delà d’une période de grâce suffisante.

 

Ce n’est qu’après la période de grâce, clairement affichée, que des institutions performantes et non des individus, quel que soit leur niveau dans la hiérarchie de la nouvelle gouvernance, mettront un terme aux défaillances de ceux qui refusent de se conformer aux nouvelles règles de transparence dans la gestion des affaires. La garantie du traitement équitable sera assurée pour tous, dans le seul respect de la loi. Dans un contexte aussi complexe, les facteurs du changement peuvent se résumer en cinq instruments :
- Une force motrice : il s’agit d’un discours politique mobilisateur qui explique clairement l’inéluctabilité du changement et qui définit le choix devant lequel se trouve la Nation Algérienne : se taire aujourd’hui et subir le changement dans le désordre avec tous les risques de dérapage ou se mobiliser dans le calme et la sérénité, identifier les problèmes et se préparer à les résoudre, concevoir le changement dans le long terme au bénéfice de tous.
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Une vision qui expose la situation de l’Algérie d’aujourd’hui, avec tous ses risques et ses dérives, et qui donne les contours de sa mutation grâce au changement que nous proposons. De même qu’une feuille de route qui explicite clairement les missions et les étapes de mise en œuvre du changement. Tout ceci complété par les engagements des différentes parties prenantes au changement ainsi que le système de contrôle et de validation.

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Un leadership capable de donner un sens au changement et réaliser le consensus ; capable de mener rapidement l’Algérie vers la prospérité. Il ne pourra être qu’une personnalité respectée, réfléchie, visionnaire et au-dessus des partis, des clans et des intérêts privés. Elle doit être capable de s’entourer de compétences nationales de très haut niveau.
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Un certain nombre de personnalités d’appui ayant une présence de caution notoire dans la société et disposant d’une respectabilité pour soutenir le leader et la stratégie d’implantation du changement.
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 Les réalisateurs du changement seront des personnes qui assureront la préparation, la coordination et la mise en œuvre du changement dans tous les secteurs. Les missions sont ainsi clairement définies :
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   intérioriser la nécessité du changement dans le calme et la sérénité pour sauver la Nation Algérienne 
 Travailler à l’élaboration de la force motrice et de la vision 
 Travailler à l’établissement d’un consensus pour un leadership assumé 
 Repérer les personnalités d’appui 
 Repérer les réalisateurs du changement 
 Définir une stratégie de communication qui doit comprendre deux premières étapes probatoires : la première consacrée à l’éducation citoyenne ; la deuxième à l’imputabilité (accountability ou moussaala), autrement dit, apprendre à assumer ses responsabilités et exiger ses droits 

 Ouvrir des espaces virtuels de débat au niveau local en la forme de Cercle d’Initiative Citoyenne pour le Changement. Que tous ceux qui sont convaincus de la nécessité du changement commencent à travailler à la réalisation de ces missions avec les moyens qu’ils peuvent mobiliser autour d’eux. C’est avec les petites gouttes d’eau de pluie que se constituent les ruisseaux et les rivières puis les fleuves.

Ce projet propose les choix qui s’offrent à la société algérienne. Les choix réalisés aujourd’hui aboutiront à deux scénarii possibles d’ici la fin de la prochaine décennie. Quand le pétrole et le gaz se feront rares en 2020, il ne sera plus possible de réaliser les exportations d’hydrocarbures nécessaires au financement à la fois de la Balance des Paiements et du Budget de l’Etat. Le premier scénario est celui d’une Nation Algérienne respectée parce que, appuyée sur une société libre et une économie de développement et de protection qui a éliminé la malédiction de ne compter que sur les seules ressources naturelles dans sa politique intérieure ; doublée d’une économie bien intégrée à l’économie mondiale qui a su profiter du rattrapage technologique. Ce sera l’Algérie de nos rêves réalisés. Pour cela, il faut un changement du système de gouvernance tel que nous l’avons proposé, avec un démarrage d’ici 2010-2011. Le deuxième scénario sera celui du non-changement, à savoir une Nation Algérienne disloquée et un Etat déliquescent, avec une économie malade, sans ressources naturelles parce qu’épuisées ; doublée d’une économie marginalisée par la contagion au niveau de l’économie mondiale. Alors, il ne restera que les regrets devant une telle situation catastrophique.

 

Tous ceux qui ont la capacité de contribuer au changement, ne pourront dorénavant s’empêcher de se sentir coupables parce qu’ils auront appartenu à la génération qui aura achevé la destruction de la Nation Algérienne en ne prenant pas au sérieux les avertissements nombreux, dont celui-ci. Les tenants du pouvoir verront qu’ils auront appartenu à la dernière équipe qui aurait pu changer le cours des choses, mais qui en aura, en toute connaissance, décidé autrement. J’invite tous ceux qui auront lu cette contribution à la faire lire par d’autres, d’en débattre autour d’eux, par tous les moyens légaux, notamment par tous les instruments offerts par Internet. Analyser cette contribution, l’enrichir, la faire partager par le maximum de citoyens, affranchir l’état moral et psychologique de la société et libérer en elle toutes les potentialités d’initiatives sera le premier pas du projet pour sauver la Nation Algérienne. Il faut bien noter que la mutation ne nécessite pas le nombre. Les forces du changement commenceront en petit nombre qui grossit au fur et à mesure par les relations directes avec la base, le lancement des idées et en présentant une alternative crédible. Ensemble, rien ne nous sera impossible.

§276 · 29 octobre 2009 · Contribution · · [Imprimez]

1 commentaire sur “BENBITOUR : Il faut libérer l’Algérie du clan Bouteflika”

  1. jbaejndk dit :

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