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Alger- Plus de quarante années après l’indépendance du pays, et la disparition de phénomènes d’exploitation et d’asservissement, voilà que ce phénomène persiste encore dans certaines régions du pays. De nombreux enfants sont exploités et humiliés contre quelques sous.

En faisant quelques achats au marché Ali Mellah, j’ai été frappé par ce phénomène qui m’a laissé bouche bée. Un enfant, âgé d’une dizaine d’année, s’approcha de moi et demanda de porter mon couffin contre quelques dinars. Je me suis arrêté étonnée. Des images pareilles reviennent dans mon esprit. Images que j’ai vus à la télévision montrant des enfants cireurs de chaussures, porteurs de couffins des colons et de leurs femmes. J’ai eu des larmes aux yeux et me suis rendue compte que la nécessité peut abaisser l’être humain au plus bas et réduire la dignité humaine.

C’est une réalité amère que nous avons constaté en ce jour chaud de Ramadan. Oui, le phénomène de l’époque coloniale est là, de retour bien qu’il soit étranger à cette société.

Au le marché, j’ai vu des gens, en majorité des vieux et des vielles, trainer entre les stands, salivant devant les marchandises exposées sur les étals.

Je me suis arrêtée devant un étal où le vendeur n’est autre qu’un enfant âgé de 12 ou 13 ans. Je lui ai demandé s’il y avait des enfants pour porter mon couffin et celui-ci me répondit tout de suite que oui. « Il y en a plein, madame. Ne vous inquiétez pas du tout. Dès que vous auriez terminé le marché, je vous recommanderai quelqu’un pour porter votre couffin ». J’étais étonnée de la réponse de cet enfant. J’ai essayé de me convaincre que c’était une blague. « Qu’est-il en train d’arriver au pays de Un Million et demi de Martyrs ? Me suis-je demandé. Soudain, j’entends une voix d’enfant m’appeler par derrière : « Je suis là, Madame. Avez-vous besoin d’aide ? ». je me suis arrêté un instant avant de me retourner..

Ces malheureux enfants qui travaillent pour aider à subvenir aux besoins de leurs familles. J’aperçois un jeune enfant maigre, portant des habits en haillons. Je me suis approché de lui et lui ai demandé de porter mon sac plein et de m’accompagner dans le marché. Il accepta et j’ai alors profité pour discuter avec lui. De temps en temps je lui pose une question. Je faisais semblant d’acheter telle ou telle chose en petite quantité pour ne pas le fatiguer. Le pauvre était tellement chétif qu’il faisait pitié.

Zakarya est un jeune à la fleur de l’âge que la pauvreté à rendu tel un vieillard et dont le métier de porteur à piétiné sa dignité. Agé de 19 ans, il habite Aïn Taya, à l’est d’Alger. Il me confia qu’il avait quitté l’école pour travailler et aider son père. La tête baissée, il nous raconta avec innocence son histoire.

« J’ai quitté l’école à l’âge de 14 ans. Depuis, je travaille au marché Ali Mellah comme porteur du lever du soleil jusqu’à son coucher ».  Zakarya nous raconte qu’il quitte toujours la maison à Aïn Taya à cinq heures du matin. Il prend le bus pour rejoindre le marché. Pendant le Ramadan, il commence à quatre heures. L’essentiel pour lui est de trouver quelque chose à porter et de gagner quelques dinars pour pouvoir acheter à manger pour sa famille. « Certaines personnes me payent correctement…d’autres ne me donnent rien » dit-il.

Le métier de porteur a usé les épaules du jeune Zakarya, malgré cela, sa volonté de travailler plus grandie de jour en jour. Lorsque je lui demande combien il gagne en une journée, il sourit et me répond : « Des fois je gagne 300 DA, parfois 600 DA. Malgré les difficultés et les problèmes, je rencontre souvent des gens bien qui me payent correctement, mais des fois, d’autres gens, qui ne craignent pas Dieu, profitent de ma sueur.

Ennahar/ Reportage Nachida Kouadri

§16 · 29 août 2009 · Contribution · · [Imprimez]

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