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            Slimane l'Assaut           

Le troisième lion de Souk Ahras

                                             

                                            Par K-Mel

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Parler d’un héros, un véritable  héros de l’envergure de Slimane Guenoune dit l’assaut n’est pas une chose aisée tellement le personnage est singulier par sa bravoure et son courage. Lui rendre cet hommage tardif n’est qu’une justice faite  à un homme vaillant et déterminé mais trahi par un système postcolonial ingrat et moralement en faillite.

Slimane l’assaut le. dernier lion intrépide de Souk Ahras était le prototype même de cet algérien confiant et fonceur que rien ne décourage pour défendre au péril de sa vie une cause juste et loyale comme fut l’indépendante nationale.
Sa désignation comme « L’unique vrai héros de Souk Ahras » est exemplaire d'une mémoire de la guerre d’Algérie qui s'imposait alors à tous ceux qui l’ont connu ou côtoyé.
Slimane l’assaut qui fut la bête noire et le fantôme qui hantait au quotidien l’esprit du célébrissime criminel Ritzanthaler, fait trembler par la seule évocation de son nom, les plus hardis des colons. Il était l’incarnation même de la vaillance et de l’hardiesse.
Par son charisme et son impudence, Slimane l’Assaut avait gagné beaucoup d’admirateurs et de sympathisants parmi ses propres ennemis et adversaires, qui reconnaissaient en lui et à juste titre d’ailleurs, le héros légendaire de Souk Ahras.
Outre ses ennemis colons, Slimane l’assaut eut dû combattre la jalousie et la haine qui rongeaient beaucoup de ses amis qui ont juré sa perdition. Il fut malgré lui, l’objet concret de la rivalité et du désamour qui existaient entre les officiers de l’ALN (Boumediene et Amirouche).
Ses détracteurs parmi ses ennemis algériens qui étaient au plus haut du sommet de l’Etat, lui avaient collé l’étiquette de mercenaire et d’ivrogne pour le décrédibiliser et ternir son image de héros. Ce ressentiment persistant même après l’indépendance lui causa sa perte. En effet, Ammi Slimane n’a plus donné signe de vie depuis 1976. Certain disent qu’il a été jeté d’un hélicoptère sur ordre d’un autre souk-ahrassien non moins illustre mais dont le passé révolutinnaire est sans doute beaucoup moins glorieux et enviable.
Preuve d’ingratitude d’un système oublieux et disgracieux, pas un seul documentaire n’a été réalisé sur lui ou sur le travail héroïque du commando qu’il dirigeait. Pas un seul hommage officiel à sa mémoire lui qui a fait la une du New York Times.
Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les plus sensibles louanges viennent n’ont pas de ces anciens camarades d’armes mais de ses pires ennemis : Les militaires et les anciens colons français de Souk Ahras la cambattante.

Reposes en paix Slimane, les héros de ton gabarit on ne peut les oublier car l’histoire est impitoyable avec ceux que essayent de la travestir. Reposes en Paix héros et sache que les mercenaires de l’écriture de notre histoire ne peuvent déchirer les pages de tes sacrifices écrites avec le sang indélébile de tes vrais amis : Les chouhada.

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 Les héros du commando de Souk Ahras


 

Les années de gloire de

 Guenoune Slimane

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                                                 Par Abdelmadjid MAALEM

                                                                                                                            

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     On ne peut pas évoquer Slimane l’Assaut, sans parler de son Commando de la mort : Le Commando de Souk-Ahras, devenu le Commando de la Base de l’Est, puis organisé en Commando National pour escorter, durant l’été de 1957, le Colonel Amirouche et une Compagnie d’acheminement d’armes jusqu’en Kabylie. Rendre hommage, malgré tout, à ce valeureux combattant qui avait très tôt rejoint les rangs de l’A.L.N, constitue le moindre des devoirs pour les hommes, jeunes et moins jeunes, qu’il a formés et formatés dans le feu du combat libérateur.  Le Congrès de la Soummam, tenu le 20 août 1956, avait prévu trois types de combattants : Les Moudjahidines, les Moussebilines et les Fidayïnes.

  

          

Les Moudjahidines étaient les véritables combattants du maquis. Ils étaient le fer de lance de l’A.L.N, organisées dans des unités, avec grades, tenues militaires plus ou moins réglementaire et armes de guerre.

Les Moussebilines se trouvaient en ville et dans les campagnes, parmi les populations civiles, pour s’occuper de la logistique du combat.

Les Fidayïnes se trouvaient au sein de la population citadine pour exécuter des actions ponctuelles.

     Les premiers membres du Commando de Slimane l’Assaut étaient tout cela à la fois. Moudjahidines, parce qu’ils étaient sélectionnés parmi les meilleures unités combattantes de l’A.L.N de la Base de l’Est. Moussebilines, parce qu’ils vivaient comme un poisson dans l’eau parmi les populations de Souk-Ahras et de sa région, pour préparer embuscades et harcèlements. Fidayïnes, parce qu’ils opéraient magistralement au cœur de la ville de Souk-Ahras et d’autres agglomérations de la région.

     Le nom de Slimane l’Assaut défraya la chronique avec l’opération d’éclat qu’il exécuta avec son commando d’une dizaine d’hommes, au cœur de la ville de Souk-Ahras, fin 1956. C’était la première opération du genre à la Base de l’Est. Une action spectaculaire totalement réussie, qui fit connaître partout le nom du Commando de Slimane l’Assaut. Personne ne connaissait encore le nom de Guenoune Slimane. Tous les combattants de la Base de l’Est admiraient cet acte de bravoure et rêvaient de faire partie du désormais célébrissime Commando de Slimane l’Assaut. 

      J’étais parmi ceux-là, dans mon Markaz-Essoukia, où je ravitaillais les unités combattantes de passage. C’est de là que Slimane a accepté de m’intégrer dans son Commando de la mort, à son retour vers le théâtre des opérations, après avoir fait son rapport au Commandement de la Base de l’Est et reçu ses chaudes félicitations, au lendemain de l’opération spectaculaire de son Commando au cœur de la ville de Souk-Ahras. Il reçut également carte blanche pour organiser et renforcer les capacités de son Commando, qui se renforça en hommes et en armes. Au total, nous étions plus d’une vingtaine d’hommes, originaires de toutes les régions de l’Algérie combattante. Il y avait des hommes de valeur, comme Mimoun et Abdekka d’Oran. Mouloud, Arab ou K’chich de Kabylie. Une vingtaine d’hommes, plus une femme : la vaillante épouse de Tahar Ouentis. Par sa nouvelle composante humaine, le Commando prend une couleur et une envergure nationale.  Nous étions tous habillés de blue-jean et de baskets. Armés de mitraillettes et d’un fusil-mitrailleur, nous avions la totale liberté d’exécuter tous types d’opérations sur tout le territoire de la Base de l’Est. Le champ des opérations couvrait théoriquement le triangle allant de la région sud de Souk-Ahras vers la région est de Guelma, jusqu’au secteur sud de la ville de La Calle. Je ne savais pas encore que certains officiers de ces zones ne voyaient pas cette ‘intrusion’ d’un bon œil. Certains autres étaient un peu jaloux des actions opérées par le Commando de Slimane l’Assaut. Les colons de Souk-Ahras, comme le cantonnier Ritzanthaler, étaient quant à eux, absolument furieux contre Slimane l’Assaut et juraient d’avoir sa peau.

     Le P.C du Commando était situé à Kef-Errakhma, dans la forêt d’Ouled- Béchih. A partir de là, Slimane l’Assaut organisa son Commando de la mort en trois groupes de choc et institua une véritable planification hebdomadaire des actions à mener. Embuscades, harcèlements, sabotages, collecte de fonds, actions politiques sur les populations, renseignements, chasse aux traitres.

     Je fus affecté dans l’un des trois groupes de choc qui a attaqué l’aérodrome de Souk-Ahras, la garnison d’Oued-Cheham, du camp retranché de Hammam N’baïel. La voie ferrée électrifiée était régulièrement sabotée. Pendant le ratissage contre le P.C du Commando à Kef-Errakhma, je fus grièvement blessé et laissé pour mort sur le champ de bataille.

     Par la bravoure de son chef et de ses hommes, le Commando de Slimane l’Assaut devint célèbre et prit tout naturellement une envergure nationale. C’est ainsi qu’il fut désigné, en Mai 1957, pour escorter le Colonel Amirouche et la compagnie d’acheminement d’armes qui devait le suivre jusqu’en Wilaya III historique. Avant cela, deux compagnies d’acheminement de la Base de l’Est étaient arrivées en Kabylie, en lambeaux, avec de très lourdes pertes en hommes et en armes, en cours de route. C’est dire la très lourde et très dangereuse mission confiée au Commando de Slimane l’Assaut. Je me suis enfui de l’hôpital, avec ma blessure non encore totalement cicatrisée, pour réintégrer le Commando, en partance imminente pour la Kabylie. J’avais 15 ans.

     Au regard de la malheureuse expérience des deux compagnies d’acheminement précédentes, Slimane organisa, en véritable stratège, l’escorte du Colonel Amirouche et la protection de la Compagnie d’acheminement, lourdement armée, composée de 120 hommes. Des combattants venus pour la plupart de France via la Tunisie, pour rejoindre la Kabylie. La stratégie de Slimane devait d’abord d’assurer la protection et l’escorte du Colonel Amirouche, en l’isolant de la compagnie et du gros de la troupe, afin qu’il puisse rejoindre sain et sauf  le P.C de sa Wilaya. Parallèlement, d’encadrer et de protéger la lourde compagnie qui transportait les armes pour la Kabylie. Chaque Djoundi transportait deux fusils et beaucoup de munitions. Une vingtaine de mulets transportait les mortiers 45 et 60, des sacs de munitions de tous calibres et des obus 45 et 60. J’avais la responsabilité de l’un de ces mulets.

      Dès le départ, la tactique de Slimane bouleversa l’ordre établi en la matière par les compagnies d’acheminement précédentes, en désignant d’abord un petit groupe d’hommes, sûrs et aguerris, à la protection rapprochée du Colonel Amirouche, avec une avance de deux ou trois étapes sur le gros de la troupe. Ensuite, en évitant l’itinéraire suivi par les deux compagnies précédentes. Un itinéraire désormais connu de l’ennemi. Enfin, en accélérant le rythme de marche de la colonne.

      Dans le Commando de Slimane l’Assaut, c’est au pas de gymnastique qu’il faut marcher dans les maquis. Et c’est très réellement au pas de gymnastique que Slimane obligea ses hommes à parcourir les 800 kilomètres de l’aller-retour vers la Kabylie. Une vitesse de progression et un itinéraire qui bouleversèrent totalement les prévisions de l’ennemi, qui n’avait jamais réussi à intercepter ni le Colonel Amirouche et la compagnie d’acheminement à l’aller, ni les hommes du Commando au retour.

Dans mes témoignages, j’ai baptisé l’itinéraire établi par Slimane ‘La Piste Amirouche’. Un itinéraire qui va approximativement d’Aïn-Zana, vers la forêt de Mahbouba, pour ensuite traverser la voie ferrée entre Aïn-Seynour et Souk-Ahras. Avant de se diriger vers Kef Laâkas et Maouna. Après la région de Guelma, on arrive sur la voie ferrée de Smendou et piquer vers la région d’El-Milia. Dans la dense forêt de Mechchate, notre compagnie rencontra en juillet 1957 le Capitaine El-Baraka et son adjoint Azzedine de la Wilaya II. Ce héros tombera au champ d’honneur quelques jours, déchiqueté tout à fait par hasard par un obus perdu de l’artillerie ennemie.

      Le Colonel Amirouche arriva sain et sauf en Kabylie. La compagnie d’acheminement arriva à Serj-El-Ghoul avec armes et bagages, n’ayant subi aucune perte tout au long de son périple. Je peux témoigner que la seule compagnie d’acheminement qui a livré à la Wilaya III l’ensemble de l’armement qu’elle avait ramené de l’Est, c’est celle de Slimane l’Assaut. Le périple du Commando de Slimane l’Assaut, qui a duré quelques trois mois en aller-retour, s’il avait réussi à déjouer et échapper aux opérations de l’ennemi, avait semblait-il suscité des animosités et des zizanies sur son passage. A son retour à la Base de l’Est, Slimane et les hommes de son Commando furent arrêtés et désarmés par le Capitaine Ben Salem, chef du 2ème Bataillon. Après quelques temps, Slimane l’Assaut fut réhabilité et se retrouva, en 1958, à la tête d’un second Commando  qui n’atteindra jamais la gloire du Commando de Souk-Ahras.

     Tous les détails de la glorieuse épopée de Guenoune Slimane, alias Slimane l’Assaut, se trouvent dans ma trilogie ‘Les Témoignages de Bézouiche’ que le Moudjahid Abdelaziz Bouteflika, Président de la République a bien voulu préfacer.Pour SOUK AHRAS INFO

                                                                                                                              

                                                                      Alger, le 29 Novembre 2010.

                                                                           


Slimane l'Assaut avec les hommes de son Commando.

(Avant le recrutement de Bézouiche)
1er Rang debout, de gauche à droite : Merdja Brahim - M'Taïeche- Djâafar -
Salah Sénouci- Inconnu -
2ème Rang debout, de gauche à droite : Tahar Ouentiss - Tayeb El-Mina -
Mansouri Mohamed - Mansour - Chaïeb Ferhat.
3ème Rang de gauche à droite : Ménaïli Hocine (P'tit Mohamed) - Mamadou -
Vieux Aïssa - Farrouki Boussiry- Mabrouk-Vieux Hocine.

 

                                     

Verso de la Photo du Commando de Souk-Ahras :
Écriture et Signature de Guenoune Slimane, dit Slimane l'Assaut.
(Photo remise en main propre par Slimane l'Assaut lui-même à Bézouiche.)

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A Droite : Guenoune Slimane écoutant le compte-rendu de l’un
des hommes de son Commando.


                                                                 Un des trois ouvrages de  Abdelmajid MAALEM

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